Inondations, Plan Orsec : “Eviter tout détournement de fonds…” (Ousmane Sonko)
Les inondations, depuis mercredi dernier, ont mis le Sénégal sens-dessus-dessous. Entre dégâts infrastructurels et pertes en vies humaines à l’échelle nationale, ces intempéries ont motivé le Président Macky Sall à déclencher le plan ORSEC. Des secours d’urgence qui n’ont pas tué la volonté d’auditer le Plan décennal de lutte contre les inondations mis en place en 2012 et lesté de 750 milliards. La Coalition JOTNA/Patriotes pour l’alternative, dirigée par Ousmane Sonko, dans un communiqué, parle de “mafia du pompage”.
In extenso son communiqué
« Notre pays a subi ces derniers jours des pluies importantes qui ont causé plusieurs pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. La coalition Jotna / Patriotes pour l’Alternative présente ses condoléances aux familles touchées, exprime sa vive solidarité aux populations sinistrées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
Nous prenons acte du déclenchement par le gouvernement du Plan Orsec. Cependant nous exigeons la mise en place immédiate d’un dispositif de contrôle indépendant, participatif et rigoureux pour éviter tout détournement de fonds ou de matériel par une « mafia du pompage » qui profite de la situation pour s’enrichir impunément. Le caractère urgent et catastrophique des situations d’inondation ne doit plus être un alibi aux pratiques de corruption.
En outre, nous déplorons l’absence d’anticipation du gouvernement malgré le contexte des changements climatiques et les prévisions saisonnières annoncées depuis plusieurs mois par les agences spécialisées. La croissance démographique et l’urbanisation sont également des tendances bien connues et les données à leur sujet sont disponibles pour les décideurs.
En 2005, d’importantes inondations notamment dans la banlieue dakaroise, avaient motivé la mise en œuvre d’un programme d’urgence d’assainissement des eaux pluviales et de relogement des sinistrés (Plan Jaxaay). En 2012 Macky Sall avait promis l’éradication du cauchemar que vivent les populations en zones d’inondation. Nous constatons malheureusement que, malgré la suppression du Sénat en 2012 pour accroître le budget de lutte contre les inondations, malgré le Programme décennal de gestion des inondations (Pdgi 2012-2022) que nous vantait Macky Sall lors de la présidentielle de 2019 comme la solution miracle pour le règlement définitif, la situation semble s’empirer : RIEN N’EST REGLE, PRESQUE TOUT RESTE A FAIRE.
Pourtant le gouvernement nous annonce que plus de 750 milliards ont été mobilisés depuis 2012 dans le Pdgi. Nous sommes étonnés de tant d’argent englouti sans résultat probant. Nous réclamons un audit technique et financier au vu de l’aggravation de la situation par la fréquence des sinistres, le nombre des impactés et la gravité des conséquences.
Tous ces désagréments graves sont les conséquences d’une politique incohérente d’aménagement du territoire et d’urbanisme et d’un laxisme des autorités dans l’application des dispositions réglementaires en matière d’occupation des sols. En effet les inondations sont accentuées par les mauvaises politiques publiques et le laissez aller dans le secteur de l’urbanisme.
Un pouvoir exécutif est là pour agir et anticiper sur les évènements, surtout ceux dont on sait la forte probabilité d’occurrence comme les inondations. Il est donc inadmissible que celui-ci se présente impuissant prétextant de pluies exceptionnelles. Et que dire des pays qui subissent des cyclones et qui pourtant réduisent d’années en années les conséquences de ces évènements climatiques extrêmes ?
Nous exigeons de ce gouvernement une plus grande planification et transparence dans la gestion des risques naturels et des politiques urbaines rationnelles et cohérentes. Le gouvernement doit définitivement adopter une politique d’aménagement harmonieux du territoire et de gestion intégrée des ressources en eau (gire) opérationnelle et pragmatique qui s’adapte aux changements climatiques.
Notre pays a toutes les ressources humaines et techniques nécessaires pour concevoir, piloter, gérer et améliorer la résilience des villes aux phénomènes de cette nature. Cependant la réponse politique est inadaptée. Il est regrettable qu’après 8 ans, ce régime reste incapable de répondre aux attentes légitimes des populations en matière de villes assainies, sûres, résilientes et durables”