Smoking-gun : Je persiste et signe (Adama Gaye)*

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Alors que Macky Sall, surprenant son monde, en Conseil des Ministres, il y a une semaine jour pour jour, annonçait sa décision de se rendre à Abuja, les 15 et 16 Octobre, pour y effectuer, affirmait-il, une visite de travail bilatéral, grande fut ma stupéfaction de constater qu’au lendemain de son arrivée, une photo le présentant avec le Président Nigérian, Muhammadu Buhari, comptait aussi la personne du Bissau-Guinéen, Emballo Sissokho, dans ce qui fut donc un dîner tripartite, autrement dit une séance de travail à trois.

J’ai aussitôt écrit qu’il y avait là une preuve, ce que les Américains appellent le fusil fumant, The Smoking-gun, et qu’il était urgent de détricoter le sens de cette rencontre non-annoncée, masquant mal des bizarreries et dont les effets méritaient d’être analysés, pro-activement.

J’ai moult fois dit que Macky Sall est devenu un dealer d’hydrocarbures depuis qu’il a pu entrer dans ce cercle restreint grâce à mes relations, quand il s’y était positionné quand j’aidais le Sénégal, avec succès, à obtenir des barils de pétrole et des tonnes de fuel oil, pour la raffinerie nationale du Sénégal (SAR) et la Société nationale d’électricité (SENELEC).

Ne se contentant pas de les détourner depuis lors, avec la complicité de la société Sahara, Macky Sall est devenu un accroc des hydrocarbures, et il connaît la voie. C’est donc dire que sachant la tradition nigériane de faire de l’entraide dans sa diplomatie grand-frériste envers les autres pays de l’Afrique de l’Ouest, au nom de ce qu’il appelle en diplomatie pétrogazière le Gouvernement to Government (G-to-G), le nouveau Bismacky Sall a pris par la main le dirigeant Bissau-Guinéen pour qu’il aille prendre sa part et qu’ensemble avec leurs acolytes locaux ils s’en mettent pleins les poches.

Cela tombait bien : Emballo Sissokho, qui à meme eu le toupet de se dire actionnaire du parti politique de Macky SALL, n’est pas un enfant de chœur.

Sa culture d’escroc a été consolidée pendant les années où il était connu comme un vieil habitué des deals et transports de valises d’argent. Il avait hérité cette expertise de son rôle dans ces domaines quand il servait de relais entre Khadaffi et Blaise Compaoré. Parfois, les deals tournaient autour des questions d’armes et de terrorisme. Était-ce dans ce Burkina des magouilles et de la haute criminalité sous le parrain déchu depuis, Compaore, que Macky, Harouna Dia et Emballo ont tissé leurs liens?

Quoi qu’il en soit, devenus tous les deux leaders de leurs pays dans des conditions sulfureuses, on ne doit pas s’étonner qu’ils continent à filer ensemble un coton suspect.

Et en amenant Sissokho au Nigéria, après l’avoir conseillé de donner deux noms d’Avenue de Bissau à Buhari et à lui-même, Macky était sûr de jeter un appât bien dodu sous les yeux du vieux président nigérian.

Qui est tombé dedans malgré les difficultés liées à la crise des hydrocarbures que traverse son pays, la banqueroute économique qui en résultent, sans compter les secousses sociales, y compris le rejet massif par la jeunesse nigériane des brutalités policières du pays, au point de générer des millions de tweets. Buhari a dû trouver du temps dans son agenda pour tailler bavette avec Sall et Sissokho.

C’est donc dire qu’il s’est retrouvé victime d’une entourloupe criminelle, et il n’est pas impossible qu’au-delà des hydrocarbures, le voyage ait été l’occasion d’introduire des firmes pour gagner des marchés, contre rétrocommissions, dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures toujours déficients dans le pays le plus peuplé d’Afrique de l’Ouest.

Si j’ai écrit que la photo, publiée par la présidence nigériane, a révélé, sans le réaliser, qu’il y avait avec Macky un troisième larron, et qu’elle était le fusil fumant, the smoking-gun, l’iconographie parlante, c’est qu’en plus du business pur et dur, cette visite qui intervenait deux jours avec une inflammable élection présidentielle en Guinée-Conakry pouvait être interprétée comme un pan d’une diplomatie pularisée.

Puisque les trois chefs d’Etat sont des peuls et que ses deux visiteurs ne cachent pas leur rêve hégémonique, d’essence ethnique, notamment leur envie de redessiner la carte du Macina, qui l’incarne, on peut se demander, à juste titre, si leur déplacement n’était pas destiné à forcer le Nigérian à s’aligner derrière eux pour empêcher une victoire du Président sortant Guinéen Alpha Condé, le malinké, afin de s’assurer que la victoire du fulani, Cellou-Dallein Diallo, idéalement placé au vu des foules qui le soutenaient pendant la campagne électorale.

Tout le monde sait qu’Emballo Sissokho déteste Condé. C’est même son ennemi juré. Macky Sall, lui, n’entretient que des relations fracturées avec le locataire (l’ex, doit-on désormais dire) du palais de Sekoutouréya à Conakry.

De là à penser que cette rencontre trilatérale, non annoncée, cette photo bavarde, ce déplacement précipité, qui semble d’ailleurs avoir mis mal à l’aise le peul Cellou-Dallein, pose de sérieux problèmes. C’est un fusil fumant. C’est une preuve de quelque chose qui se mijote.

Or, de l’avoir écrit, analysé, me vaut, me rapporte-t-on, des articles de partout sur le net, pour me faire passer pour ce que je ne suis pas. Je ne suis pas anti-peul. Jamais je ne le serai. Je suis un homme désethnicisé, dé-confrérisé, je suis un panafricaniste, africain de toutes les ethnies, et c’est ridicule de vouloir me mettre à mal avec quelque ethnie africaine qu’elle soit puisque je les respecte toutes, je m’en sens membre même.

Ce que j’analyse et dénonce ce sont les projets assassins, ethnocides, que certains, par goût de pouvoir, par folie, tentent d’imposer à la hussarde à des foules conditionnées au point qu’elles perdent leur capacité de détachement pour mesurer la gravité de ce qui se fait, se planifie, en leur nom, quitte à leur porter un préjudice dont elles ne peuvent évaluer les conséquences qu’une fois les dégâts consommés.

Je m’attends plutôt à entendre ces foules s’unir pour se détacher, pour critiquer, l’appel aux machettes d’Aliou Dembourou Sow. Je me demande que font-elles pour arrêter les excès de pouvoir, les violences sécuritaires, les dérives monarchisantes et, oui, les choix ethnicistes d’un Macky Sall qui a fini de détricoter l’harmonie sociale et ethnique dans notre pays, rien que pour s’accrocher, par les armes et la menace, l’anti-droit, au pouvoir. Maintenant qu’il veut se poser en risible Bismarck Sahélien, quelqu’un doit le dire. C’est mon destin d’assumer ce rôle. Advienne que pourra. Et ce n’est pas son alliance avec le dealer de drogue, Emballo Sissokho, qui va me retenir de le jouer.

Encore moins ces cris d’orfraies surgis des réseaux sociaux sans recul ni retenue, participant à une médiocre curée dont tous les sages savent qu’elle n’a qu’un seul but : enraciner la culture du silence, de la capitulation, face aux forfaits contre les peuples, les ethnies, la démocratie, les ressources naturelles et les acquis intemporels, que de minables dictateurs, s’imaginant en nouveaux Sileymani Baal, sans en avoir ni l’étoffe ni l’éthique, s’évertuent à imposer sur des foules hypnotisées par les fétiches et une fausse fraternité ethnique.

The smoking-gun: Je persiste donc et signe, ce voyage de Macky et Emballo relevait d’une diplomatie aux senteurs ethnicistes et pétrogazières.

Regardez la photo que je republie…n’en déplaise aux agités du bocage de la blogosphère. Causez toujours et blablatez comme vous voulez, surfez sur les plus puissantes vagues de manipulations et de mensonges, c’est peine perdue: vous faites face à un roc, qui s’en balance.

Les vérités seront dites, un point un trait, que ce soit entendu ! Il faut que soient arrêtés les apprentis sorciers qui rêvent d’une domination vouée à l’échec sur des terres où l’égalité ethnique est la seule règle acceptable.

* Adama Gaye est un exilé Sénégalais au Caire, il est auteur d’Otage d’un Etat aux Editions l’Harmattan. C’est un opposant au régime de Macky Sall.

Ps: J’ai été le premier ici à saluer la victoire de Cellou-Dallein mais je serai aussi à l’avant-garde de toute dérive ethniciste, de quelque bord et où que ce soit.
Emballo, Buhari, Macky: louche !

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