Émigration clandestine : un pari risqué mais pas suicidaire

Si on part du postulat que survivre est un instinct inné chez tout être vivant, alors on ne peut assimiler les candidats à l’émigration clandestine à des suicidaires.
Quand des gens à la fleur de l’âge prennent la grave décision de risquer leur vie pour de meilleures conditions d’existence, il est clair que leur pays d’origine ne leur offre plus la possibilité de survivre.
Quand de jeunes célibataires, maris et épouses font le choix tragique d’affronter les vagues de l’océan pour trouver mieux, c’est parce-qu’ils pensent avoir déjà vécus le pire.
Alors ne jugeons pas. Ne jugeons pas ces personnes qui partent car peu d’entre nous ont connu la galère, la misère et le désespoir qui les poussent à cette ultime option.
On devrait plutôt nous remettre en cause. Remettre en cause tout ce système qui encourage cette hécatombe.
Certes, il est possible de réussir au Sénégal, mais l’accroissement des disparités sociales dû principalement à l’enrichissement illicite et éhonté des gouvernants et leurs complices rend la chose presque impossible. Aujourd’hui, réussir au Sénégal est assimilable aux travaux d’Hercule.
quoiqu’il en soit quand on est dos au mur, il faut oser se retourner et faire face à son oppresseur. Et il me semble que le débat devrait se situer à ce niveau. Pourquoi fuir quand on la possibilité de rester et se battre? Retournons nous et faisons face aux véritables auteurs de nos maux, car prendre le large ne fera que renforcer leur détermination à poursuivre leur entreprise macabre.
Chaque génération doit connaître sa mission et l’accomplir ou la trahir, disait Fanon. Notre responsabilité en tant que jeunes, c’est de dégager tous ces incapables qui se nourrissent du sang de leur peuple.
De Chérif Abdoul Aziz Touré
Directeur de Dabakh FM