Des dérives sont souvent notées dans les médias au Sénégal, que ce soit à la radio, à la télévision, la presse en ligne ou la presse écrite. Malgré les nombreuses mises en garde du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), aux pouvoir limités, ces genres de dérapages persistent toujours dans le paysage médiatique. D’où l’urgence pour l’Etat de faire appliquer la loi instituant la Haute Autorité pour la Régulation des Communications Audiovisuelles (HARCA) et le décret portant Avantages et Obligations des Entreprises de presse.
Dans sa livraison du mardi 25 avril 2023, le quotidien Direct News, a affiché à la Une : «Présidence du CESE : la nomination de ADD brise l’équilibre ethnique». Le journal insiste en «sous-titre et dans son billet Dawul Coow sur l’appartenance ethnique du président de la République, Macky Sall, du Premier ministre, Amadou Ba, et du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo».
Des propos qui ont été fortement condamnés par le Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie dans les médias (CORED) qui invite les médias à faire preuve de «responsabilité et à être plus regardants sur l’usage d’expressions tendant à stigmatiser une communauté ou un groupe social ou mettant en péril la cohésion nationale».
Ce genre d’article est la énième dérive notée dans les médias au Sénégal. Et pourtant, en plus de l’organe d’autorégulation des médias (CORED), le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) Babacar Diagne, a maintes fois appelé l’ensemble des services de médias à plus de responsabilité et à mettre un terme à de telles dérives, rappellent ainsi que la loi N°2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la presse s’applique à ces médias.
«Les dispositions du présent Code régissent les professionnels des médias ainsi que toutes les activités relatives à la presse écrite, à la communication audiovisuelle et à la presse en ligne exercées sur le territoire sénégalais. Elles s’appliquent à tous les procédés, modes et formes de presse écrite, de presse en ligne et de communication audiovisuelle, notamment la radio et la télévision numériques, par câble, par satellite ainsi qu’à tous les services de communication audiovisuelle sur Ip» (article 1)», disait-il dans un communiqué.
Il avait souligné, dans ce document, que certains dérapages exposent les médias responsables/fautifs à des sanctions de la part de l’organe de régulation et/ou à des poursuites judiciaires. Toutefois, il faut relever que le CNRA ne dispose que d’un seul moyen notamment la coupure de fréquences pour réguler et censurer. Dès lors, serait-il en mesure de faire face à ces dérives notées de plus en plus dans les médias au Sénégal ?
Pourtant, toutes les dispositions essentielles qui traitent directement de l’assainissement, de la régulation ou de la réglementation de la presse sont contenues dans les textes d’application qui sont actuellement mis dans les tiroirs. En effet, dans ces textes, il est prévu la loi instituant la Haute Autorité pour la Régulation des Communications Audiovisuelles (HARCA), une structure qui devrait remplacer le CNRA et couvrir toutes les catégories et composantes de médias, et le décret portant Avantages et Obligations des Entreprises de presse. La régulation et la réglementation de la presse et de toutes ses composantes restent ainsi une prérogative de la HARCA, qui dispose de compétences et de pouvoirs assez étendus dans ce domaine.
#Source : Sud quotidien