Réhabilitation du chemin de fer : À Diourbel, les prémices d’un renouveau

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Nostalgiques de la belle époque du chemin de fer du Sénégal, les cheminots du département de Diourbel se réjouissent d’une probable reprise des activités de leur société. Les travailleurs du rail gardent espoir d’entendre, à nouveau, les sifflets des trains après le début des travaux de réhabilitation ordonné par le Président de la République en Conseil des Ministres décentralisé à Thiès.

 

DIOURBEL– Les travaux de réhabilitation du chemin de fer ont démarré dans la région de Diourbel. En cette matinée du vendredi 21 avril 2023, les manœuvres ont commencé très tôt les activités, et ce, malgré la forte chaleur qui sévit. Les travailleurs, trouvés à hauteur du sous-quartier Keur Yelly Manel, sont à pied d’œuvre pour le dégagement des corps étrangers. Parmi les neufs, deux sont vêtus de gilets verts. Les sept, eux, portent des gilets de couleur orange. Certains travaillent avec des piques, d’autres utilisent des pelles ou des râteaux. Ils portent également des gants blancs et des chaussures de protection. Avec ces outils mis à leur disposition, les manœuvres nettoient les rails en enlevant les ordures versées par les habitants des quartiers proches du chemin de fer. Ils nettoient et débouchent sous la supervision du chef d’équipe, Abdou Sène, vêtu d’un gilet vert, observant tantôt quelques des temps d’arrêt. Le nettoyage intervient après le dégagement des déchets versés aux alentours des rails. Située entre la gare ferroviaire de Diourbel et le Lycée technique Ahmadou Bamba (Ltab), cette portion est érigée en dépotoir d’ordures depuis quelques années. Selon Abdou Sène, ces opérations préalables sont effectuées par le district de Diourbel. L’agent de la Société nationale des chemins de fer du Sénégal (Sncfs) indique que leur structure a fait appel à sept autres ouvriers pour compléter les quatre travailleurs permanents du personnel de Diourbel. Leurs tâches concernent uniquement l’axe Khombole-Guinguinéo en passant par Bambey, Diourbel et Gossas. « La réhabilitation du chemin de fer s’étend évidemment de Dakar à Tamba, mais les travaux sont répartis entre les districts. Celui de Thiès arrête ses actions à hauteur du village de Sewekhaye. Après Diourbel, les districts des villes de Kaffrine, Koungheul et Tamba vont assurer le reste du trajet », renseigne le chef d’équipe. Après les opérations de balayage et de nettoyage, interviendra la deuxième phase consistant à poser les pierres de sécurité par la Direction générale. « Nous constatons qu’il n’y pas assez de pierres, alors qu’elles sont fondamentales dans le fonctionnement du chemin de fer. Elles permettent de sécuriser les rails et de faire rouler les trains convenablement », souligne-t-il.

 

Abandon de la gare ferroviaire de Diourbel

 

La région de Diourbel, située au centre du Sénégal, est un élément important de l’axe du chemin de fer Dakar-Bamako. Mais, le train n’y siffle pas depuis 2017. Cette carence a impacté le fonctionnement de la gare ferroviaire de la capitale du Baol. Les infrastructures sont devenues vétustes. Certains logements de fonction sont abandonnés. Le bâtiment administratif, peint aux couleurs marron et jaune, abritait les bureaux du chef de gare et du chef de la sécurité. Les deux appartements du premier étage servaient de résidence au chef de gare et à l’inspecteur préposé comme adjoint du temps des colons. La Direction des opérations douanières est également en cessation d’activités. Le même constat a été fait à Tocky Gare, Bambey et Lagnar. Abdou Sène nous confie qu’il n’y plus de chef de gare à Diourbel. Selon lui, la Direction générale a maintenu seulement le poste de chef de district afin d’assurer l’entretien du chemin de fer. Le manque de moyens empêche les quatre membres du personnel de Diourbel d’effectuer convenable leur mission. « Nous ne disposons pas de moyen de déplacement. Cela a favorisé les dépôts sauvages d’ordures, l’érection de passage à niveau par certains riverains… », souligne-t-il.

Les travailleurs de la Sncfs se réjouissent également de la relance des activités du chemin de fer. « Cela nous permet de travailler et gagner dignement notre vie. C’est vrai qu’on nous payait alors qu’on ne travaillait pas, mais ce n’est pas bien », ajoute le chef d’équipe.

 

Les nostalgiques du rail

 

Trouvé à la gare ferroviaire de Diourbel, Aliou Keïta indique néanmoins que la cessation d’activités des trains ne concerne pas tout le trajet Dakar-Bamako. Pour le cheminot, ses collègues de Thiès continuent le travail de supervision des trains miniers réservés aux Industries chimiques du Sénégal (Ics) de Mboro. Le cheminot de Thiès, nostalgique de la belle épopée du chemin de fer du Sénégal, dit être optimiste pour la reprise des activités. « En ce qui me concerne, j’ai poussé un ouf de soulagement. Après le discours du Chef de l’État en Conseil des Ministres décentralisé, les travaux de dessablement ont aussi commencé. Donc, rien ne nous empêche de garder espoir. Cette léthargie ne plait à personne », a déclaré le travailleur.

 

M. Keïta se souvient également de la période 1980-2000 qu’il considère comme l’âge d’or du chemin de fer sénégalais. Il rappelle qu’à l’époque il y avait plusieurs lignes : Kaolack–Dakar, Saint-Louis–Dakar, deux trains de marchandises express Dakar-Bamako, dont un pour les Maliens. « Quand le train devait débarquer des colis à Diourbel, il observait une pause d’une heure. C’était une aubaine pour les commerçants et les riverains de la gare ferroviaire. Ils en profitaient pour faire des trocs et vendre des marchandises. Les habitants de la région achetaient des produits maliens comme le bois de chaux, le charbon, les moutons pour la Tabaski. Malheureusement, tout ceci s’est arrêté aujourd’hui », regrette l’ancien cheminot à la gare ferroviaire de Diourbel. Selon lui, il existait également un train Dakar–Touba pour la prière de vendredi à Touba et un autre pour le grand Magal.

Efficience à tout point de vue

Le train est considéré comme le moyen de transport de marchandises le plus efficace par les cheminots. Ces derniers évoquent sa longévité, sa sécurité et sa rentabilité économique. À ce propos, Aliou Keïta indique que le chemin de fer Dakar–Kayes a fêté ses 100 ans en 1985 au moment où la route Tamba–Kidira a été réhabilitée à plusieurs reprises. Pour le natif de Thiès, un train qui transporte 1200 tonnes de marchandises équivaut à près de 42 camions. Il ajoute que le voyage du train aller-retour entre Dakar et Bamako s’effectue en cinq jours là où le camion fait une semaine à cause des contrôles douaniers.

 

Oumar Bayo BÂ (Correspondant)

 

 

COOPÉRATION AVEC LE CANADA

 

Un projet d’un coût de 1965 milliards de FCfa

Dans sa volonté de relancer le chemin de fer, l’État du Sénégal a signé une convention avec la Coopération commerciale canadienne. Dans nos colonnes, le Directeur général de la Société nationale des chemins de fer du Sénégal, Kibily Touré, dévoilait le montage financier de l’offre canadienne. Il s’agit de la construction d’une nouvelle ligne standard à double voie entre Dakar et Tambacounda. Le coût global du projet est estimé à 1965 milliards de FCfa, sous garantie du Gouvernement canadien. Dans le détail, il s’agit, selon M. Touré, de la construction d’une nouvelle ligne à écartement standard dotée de deux voies, avec un poids à l’essieu de 22,5 tonnes. « Cette offre, baptisée « Dakar-Tamba Fast Track », prévoit également la construction de 194 km d’embranchements miniers, industriels et portuaires. Le Gouvernement canadien va garantir la construction de la nouvelle voie ferrée et la structuration du financement. Quant à la charge de la dette, elle sera assumée par les recettes d’exploitation », avait-il indiqué.

#Source : Lesoleil

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