Deux étudiants tunisiens arrêtés pour une chanson critiquant la police ont été libérés jeudi peu après que le président Kais Saied s’est élevé contre leur détention « inacceptable », qui a suscité une vague de solidarité dans le pays.
A la suite d’une enquête policière, les deux jeunes ont été arrêtés lundi à Nabeul (nord-est) et placés en garde à vue après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une chanson satirique critiquant la police et une loi réprimant la consommation de stupéfiants.
La détention des deux étudiants, Dhia Nassir et Youssef Chalbi, âgés de 26 et 27 ans, a déclenché une vague de protestation notamment sur les réseaux sociaux et le président Saied a lui-même pris la parole jeudi pour exprimer son indignation.
« J’exprime ma plus profonde stupéfaction face à l’arrestation » de ces étudiants, a-t-il dit lors d’un entretien avec la cheffe du gouvernement Najla Bouden, selon une vidéo diffusée par la page Facebook de la présidence.
Selon lui, « il y a aucun fondement pour arrêter ces étudiants alors qu’ils se préparent pour passer leurs examens. Ce qui s’est passé est inacceptable ».
Il a appelé « les magistrats honnêtes à lutter contre ces débordements et à assurer une justice équitable pour tous les Tunisiens ».
« Je ne m’ingère pas dans la justice mais je ne permettrai pas à quiconque de subir une injustice », a-t-il martelé.
Peu après cette intervention, les deux étudiants ont été remis en liberté, mais doivent comparaître mardi comme prévu initialement devant un tribunal, a indiqué à l’AFP leur avocate Imen Souissi.
La justice reproche aux deux étudiants d’avoir « porté atteinte à autrui via les réseaux sociaux » et d’avoir « attribué des faits inexacts à un agent public » dans une chanson publiée depuis une semaine sur le réseau TikTok.
Dans leur vidéo, les deux étudiants scandent, sur un air connu de dessin animé, des paroles de leur composition critiquant la police et la façon dont elle applique une législation pénalisant la consommation de cannabis
« Une fois pendant la nuit, la police nous a rendu visite. Elle nous a emmenés faire un test (anti-drogue), je lui ai dit (au policier) je ne fume pas (de cannabis), prends deux dinars et libère-moi », entonnent-ils dans un passage.
L’intervention de M. Saied dans cette affaire est d’autant plus remarquée qu’il est accusé par l’opposition et des ONG d’avoir considérablement réduit les libertés depuis qu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.
Source : Seneweb