Du n’importe quoi ! La chronique de KACCOR sur les prisonniers politiques au Sénégal
Ce n’est pas une fiction politique. Ça se passe dans un pays dont le président parcourt le monde, revendiquant un semblant de démocratie et parlant au nom d’un continent pendant que ses courtisans se vantent de son leadership. Bien entendu, ce beau pays, qui aujourd’hui semble marcher sur la tête, fut une terre de vieille démocratie mais ça c’était avant.
Depuis quelques années, dans cette jadis vitrine de la démocratie en Afrique, on emprisonne à tour de bras les jeunes gens un tant soit peu critiques vis-à-vis du pouvoir en place. Ils s’appellent Falla Fleur, Amy Dia, Bentaleb Sow, Yarga Sy, Diop Taif, Vito Der Mister Diouf, Mame Pathé, Ernest Dieng, Pape Abdoulaye Touré, Karim Qrum Xaq et d’autres anonymes. Tous en prison pour des péchés véniels.
Il y a aussi tous ces autres qui ont fui le pays à l’instar de la mairesse de la commune de Golf Sud, Khadija Mahecor Diouf, qui s’est réfugiée au Canada après avoir appris que son nom figurait en bonne place sur une liste de personnes à arrêter à l’aéroport international Blaise Diagne. Sans compter les journalistes
emprisonnés puis libérés après de longs mois à l’ombre.
Jamais sans doute depuis nos glorieuses indépendances, les prisons du pays n’avaient accueilli autant de jeunes gens et de personnalités politiques dont des maires et fonctionnaires de l’Etat. Tous embastillés sous des accusations grotesques mais n’est-il pas connu que quand on veut tuer son chien on l’accuse de rage ? Même sous le régime du parti unique du Père Léo, nos prisons n’étaient pas aussi encombrées de personnes jetées au gnouf pour des infractions imaginaires.
Partout dans le pays, et particulièrement à Dakar, des jeunes sont embastillés, attendant depuis des mois un procès dont les derniers en date renseignent sur le caractère inique de ces arrestations. Falla Fleur a séjourné plus de six mois en prison avant de bénéficier d’une condamnation de trois mois. Rejugée pour une autre affaire loufoque de sortie irrégulière d’une correspondance de prison — eh oui, même les lettres sont emprisonnées ! Elle a écopé de dix jours de prison ferme. D’autres ont commis le crime de se trouver tout près du domicile du leader de l’opposition.
D’autres encore dans des lieux jugés sensibles comme ces jeunes qui filmaient en toute innocence les murs de la prison de Rebeuss ou d’autres dont le tort a été de suivre le cortège de Oscar Sierra. A ce rythme, dira-t-on du Sénégal, comme en ce qui concerne Gaza, que c’est une prison à ciel ouvert ?
Source : Presafrik