Présidentielle -ramadan de Tata : Sans perruque
Tata était demeurée groggy dans sa chaise longue. L’annonce de la victoire du camp adverse lui avait scié les jambes. Elle était partie triomphante voter dans son Linguère natal où elle fut accueillie à grande pompe. Des billets de banque tout neufs débordaient de son sac à main fourre-tout. Avec un tel pactole, elle se disait qu’elle avait par devers elle des arguments convaincants pour s’acheter les faveurs du votant le plus récalcitrant. Là-bas, zone aride, Tata était la reine du jour. Plus rapide que l’éclair, le bruit avait couru qu’une distributrice de billets de banque venait d’arriver dans le patelin. Ce fut la ruée vers l’or. Malentendants, non-voyants, unijambistes, valides, invalides, primo votants, mineurs sans pièce d’identité, ménagères qui rentraient de corvée d’eau, tous en direction de la maison familiale de Tata. On assista à une bousculade qui très vite dégénéra en mêlée de rugby où tous les coups étaient permis, y compris le droit de mordre. Tata prise dans la mêlée, serrait de toutes ses forces son sac fourre-tout. Elle bataillait des pieds, se servait de ses dents pour protéger son avoir et se tirer d’affaire. Mais rien n’y faisait. On vit le sac voleter dans les airs mais vide. Le visage ensablé, Tata se retrouva abasourdie au milieu de la cour, sans perruque et sans chaussures alors que la foule gaillarde s’éloignait. Un jeune écolier, qui passait par là, se mit à chanter : « Ce soir, nous allons danser sans perruque, sans chaussures », le sourire narquois.
Source : Sudquotidien