Depuis quelques jours, la dialyse est citée dans les dossiers épinglés dans les rapports de l’Ofnac concernant la gestion des fonds Covid et cie. Une prise en charge gratuite au Sénégal, mais qui a amené à un moment, certains malades à acheter des compléments pour pouvoir accéder à leur séance.
La prise en charge des malades du rein est un véritable serpent de mer dans les politiques de santé communautaire au Sénégal. Tant elle est source de controverse et d’opposition entre les principaux acteurs, comme en témoigne cette affaire sulfureuse affaire de kits de dialyse dévoilée par un rapport de l’Ofnac. Pourtant, face aux allégations des associations de malades en situation de dialyse qui parlaient de surfacturation dans l’achat des kits de dialyse par l’Agence de la Couverture Maladie Universelle, les autorités du ministère de la santé et de l’action sociale avaient catégoriquement nié. Selon elles, l’Acmu achèterait même ces kits à un prix bien supérieur au marché. Pis encore, ces associations avaient dénoncé l’achat de certains médicaments très souvent en rupture et indispensables dans le processus de dialyse pour pouvoir le faire. A défaut, la séance était reportée. Le ministère de la Santé et de l’action sociale s’est encore braquée et a souligné que les intrants étaient disponibles et aucun frais n’a été déboursé par un malade dans les structures publiques de santé du pays. Avant d’arguer que dans le privé, l’Etat avait souscrit un partenariat qui permettait de prendre en charge des patients à moindre coût. Cependant, de la parole à l’acte, un grand fossé a été constaté. Les malversations n’en finissaient pas. Dans certaines structures de santé, des malades étaient obligés d’acheter certains médicaments pour faire leurs séances. Dans le privé, le prix varie entre 60 mille par séance à 120 mille. Cependant, il faut souligner que dans certaines structures privées, la prise en charge reste gratuite à cause d’un partenariat entre ces deux entités. Toutefois, il faut avoir une imputation budgétaire pour en bénéficier. Ces allégations ont couté cher au président de l’association des insuffisances rénales, feu Hamidou Diallo qui avait avancé : « le ministère de la Santé et de l’action sociale a refusé de nous donner l’autorisation de faire fonctionner notre centre de dialyse. Le matériel est là avec tout le dispositif ». Et d’ajouter : « c’est à cause de ces sorties que la tutelle ne veut pas de son projet ». L’homme qui a quitté ce bas monde avait aussi alerté sur des kits de dialyse du pays qu’on retrouvait dans la sous-région, particulièrement en Gambie et au Sénégal.
Aujourd’hui, après la publication des rapports de l’Ofnac, l’enquête révèle des pratiques supposées frauduleuses et de corruption, d’abus de confiance et de violation d’une convention Etat-privé dans le cadre de la prise en charge de la maladie rénale chronique dans la gestion des dialyses au Sénégal. Elle a mis en lumière une surfacturation des kits de dialyse, des détournements de fonds publics et des conflits d’intérêts dans les centres de dialyse privés coordonnés par l’Administrateur de l’Institut clinique de performance (Icp) et l’assistante-secrétaire.
Prise en charge de la dialyse
Les personnes souffrant de maladie du rein sont nombreuses au Sénégal. Plus de 800 mille personnes ont une défaillance et la majorité est soumise à la dialyse dans le pays. Seulement parmi ce nombre, plus de la moitié ne bénéficie pas de la gratuité de la dialyse dans le public, faute d’accueil. Une gratuité qui implique la possibilité de subir sans frais des séances d’hémodialyse ou de dialyse péritonéale dans l’attente d’une place en hémodialyse ; la possibilité de subir des séances d’hémodialyse à un tarif réduit dans les structures privées ayant signé une convention avec l’Agence de la CMU, en fonction des places disponibles. Selon la convention du ministère de la Santé et de l’action sociale, pour bénéficier de cette gratuité, le patient doit s’inscrire sur la liste d’attente d’un centre de dialyse d’une structure publique. Rappelons que sont gratuits pour les patients en dialyse au niveau d’une structure publique, la séance de dialyse ; le kit d’hémodialyse ou le kit de dialyse péritonéale.
Malgré le scandale sur les kits de dialyse relevé par le rapport de l’Ofnac, le Sénégal poursuit ses efforts dans la décentralisation des centres de dialyse. Aujourd’hui, dans toutes les régions du Sénégal et dans plusieurs départements, des centres de dialyse y sont implantés facilitant la prise en charge aux patients. Même si cette offre est à améliorer à cause des nombreuses défaillances techniques et les ruptures d’intrants, le maillage demeure une réalité avec au moins un néphrologue par région en dehors de la capitale. Pour le ministère de la Santé et de l’action sociale, en 2022, il a procédé au recrutement de 30 prestataires pour la formation au Master en suppléance rénale à la Faculté de médecine de Dakar.
Source : Sudquotidien