Revue annuelle conjointe 2019 : L’activité économique s’est «confortée» avec un taux de plus de 5% (ministre)
Un atelier de validation technique du rapport de Revue annuelle conjointe (Rac) 2019 s’est ouvert, ce vendredi 11 septembre 2020, à Dakar (Sénégal). Cette rencontre, présidée par le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, en présence des partenaires au développement, vise à présenter les résultats de la politique économique et sociale du Sénégal qui portent sur les réalisations de l’année 2019, coïncidant avec la première année de mise en œuvre du deuxième Plan d’actions prioritaires (Pap II 2019-2023) du Plan Sénégal émergent (Pse). En effet, la Rac permet de dresser le bilan de la mise en œuvre du Pse comme matrice des politiques publiques et de jeter un regard critique, mais constructif sur les progrès enregistrés en direction de l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd).
Au plan macroéconomique, l’activité économique s’est «confortée» malgré la pandémie
Selon le ministre de l’Économie, «les performances de croissance économique forte et durable, d’inclusion sociale et d’équité territoriale demeurent, avec le Pse, des priorités qui se sont traduites par de nombreuses réalisations contribuant à entretenir une belle dynamique visant à amorcer la transformation économique et sociale. Et les résultats encourageants enregistrés au titre de l’exercice 2019 confortent cette tendance et sont assez révélateurs du bon comportement de notre économie».
A l’en croire, au plan macroéconomique, «l’activité économique s’est confortée, avec un taux de croissance du Pib (Produit intérieur brut : Ndlr) estimé à 5,3% contre 6,4% en 2018».Cependant, Amadou Hott précise que cette activité économique a «malheureusement connu des soubresauts» en 2020 à cause de la pandémie de la Covid-19. Et avec les dernières estimations, «la croissance serait de -0,7%, alors qu’elle était initialement projetée à 6,8% dans la Loi de Finances initiale 2020».
Des résultats obtenus grâce à «un effort d’investissement» de l’État
Le ministre de l’Économie ajoute qu’au niveau du secteur primaire, «des progrès de 3% ont été notés grâce aux productions animales, halieutiques et horticoles en dépit du déficit pluviométrique». Ces résultats, pour lui, ont été obtenus grâce à «un effort d’investissement de l’État dans la mise à disposition de semences de qualité, la fourniture d’équipements et matériels agricoles et l’accompagnement des professionnels».
Il renseigne que les indicateurs sociaux, quant à eux, présentent des «résultats probants malgré quelques contraintes majeures qu’il faut bien analyser en vue de trouver des solutions qui pourront améliorer la qualité de l’offre de services, notamment dans l’éducation, la santé ainsi que les secteurs de l’eau et de l’assainissement».
Dans le domaine de la gouvernance et particulièrement en matière de gestion des finances publiques, Amadou Hott soutient que «les efforts consentis ont permis une amélioration des capacités de mobilisation des ressources internes. Et la modernisation des administrations fiscale et douanière a contribué à améliorer les ressources internes».
S’agissant de la gouvernance locale, il souligne que l’État s’est inscrit dans «la dynamique de promouvoir des territoires économiquement homogènes et viables, qui prennent suffisamment en compte les attentes exprimées par les acteurs territoriaux».
Toujours selon le ministre, les transferts des ressources budgétaires de l’État aux collectivités territoriales ont «augmenté de 9,17% passant de 49,45 milliards en 2018 à 53,98 milliards de francs Cfa en 2019». Et la mise en œuvre du Programme d’appui aux communes et aux agglomérations du Sénégal (Pacasen) a relevé, de «manière substantielle», le niveau des recettes d’investissements des collectivités territoriales.
Malgré ces «efforts salutaires», Amadou Hott note que le Gouvernement, tenant compte des enseignements tirés de la pandémie de la Covid-19, a engagé un «exercice d’ajustement» du Pap II sur la période 2020-2023 pour la «relance de l’économie», lourdement frappée par la crise.
«Malgré un contexte difficile, la notation Ba3 du Sénégal est maintenue»
Son Excellence Mme Irène Mingasson, ambassadrice de l’Union européenne au Sénégal, et présidente du COMEX, parlant au nom des partenaires financiers et techniques, dit avoir constaté, par rapport à l’exercice de la Revue annuelle conjointe 2019, que «malgré un contexte difficile, la notation Ba3 du Sénégal est maintenue, certes avec une perspective négative par l’agence de notation financière Moody’s». Ce qui traduit, pour elle, «l’engagement» du Gouvernement.
Aussi, elle a encouragé le Gouvernement à «une bonne prise en compte du secteur privé et de la société civile dans cet agenda de relance, et à la mise en place d’un dispositif de redevabilité».
Des observations et recommandations sectorielles formulées pour plus de performance»
Les partenaires ont, par ailleurs, profité de l’occasion pour partager avec le ministre de l’Économie quelques observations et recommandations sectorielles qui, selon eux, contribueront à «rendre plus performant le programme d’émergence du Sénégal». Il s’agit, sur la gestion de la pandémie de Covid-19, de procéder à «une évaluation participative de l’action menée jusque-là, notamment avec la société civile, les collectivités territoriales, le secteur privé et les partenaires au développement» ; sur le plan organisationnel, ils estiment que le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération «devrait assurer une meilleure prise en compte des rapports sectoriels des ministères dans la Rac en veillant à organiser les revues sectorielles dans les délais et renforcer l’analyse avec des données désagrégées (par sexe, par zone géographique)». Ce qui, pour eux, «faciliterait un meilleur ciblage des groupes vulnérables».
Mme Mingasson ajoute que les partenaires aimeraient «mieux connaître les mesures et plans du Gouvernement pour améliorer la fiscalité des entreprises de manière à asseoir une concurrence saine entre elles et à s’assurer qu’elles contribuent équitablement à l’effort fiscal ; et souligner l’importance de l’apurement de la dette aux fournisseurs privés de l’État».
Sur les réformes et la gouvernance, il conviendrait, pour elle, «de revoir le cadre institutionnel de gouvernance des réformes des finances publiques pour un meilleur pilotage des réformes ; d’améliorer la visibilité sur la gouvernance politique et celle des ressources, qui permet de décliner les avancées et les contraintes et ainsi noter les efforts dans le cadre du dialogue national».
Sur le capital humain/protection sociale, les partenaires recommandent aussi de «renforcer les investissements dans les secteurs sociaux au vu de l’impact socio-économique de la Covid sur ces derniers ; et de mener une revue en profondeur de la stratégie sectorielle dans le domaine de l’éducation, tout particulièrement autour des objectifs de scolarisation universelle et de réduction des disparités en termes d’accès et d’acquisition des compétences fondamentales».
Sur le secteur agricole, ils encouragent également le Gouvernement sénégalais à «définir la place qu’il compte accorder, tant à la maîtrise de l’eau, qu’à la gestion du foncier comme instrument de politique d’amélioration de la croissance économique, à travers ce secteur si important».