Il y a des drames inconnus du grand public. Mais, les parents des enfants atteints de cancer souffrent en silence. Lors de la Journée de lutte contre le cancer des enfants, Le Quotidien est entré dans ce monde où se mêlent tristesse, impuissance et résignation. Malgré la détresse, il y a toujours l’espoir de guérison au bout du traitement.
Par Abdou Latif MANSARAY – La Journée nationale de lutte contre le cancer des enfants a été célébrée hier à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, en présence des associations de lutte contre cette maladie qui hante plusieurs malades et proches. C’est une souffrance pour les parents de ces gamins. Si certains ont retrouvé le sourire après la guérison de leurs petits, d’autres ont un cœur qui saigne et sont figés dans le désespoir. Il reste quoi ? La prière et le courage pour redonner un souffle de vie à leurs enfants.
A Dalal Jamm, de nombreux petits y suivent un traitement. Malgré les souffrances, ils gesticulent sur leur lit en train de subir leur traitement. Comme si de rien n’était. «De nombreux enfants s’en sortent, mais d’autres périssent. C’est difficile de voir son fils dans cet état. C’est difficile de venir à l’hôpital et être informé qu’il est atteint de cancer. C’est horrible. J’ai passé des nuits sans fermer l’œil. Ça fait mal, c’est comme si le ciel s’écroule sur toi», confie le père d’un enfant qui suit un traitement au niveau de la pédiatrie-oncologie.
Teint noir, taille moyenne, Mme Marième Ndiaye se souvient de cette journée après qu’on lui a annoncé que son garçon, âgé aujourd’hui de 12 ans, souffre de cancer. Elle n’a rien oublié de cette journée : «Mon jeune garçon avait 10 ans. Il était parti jouer au football. Il s’est cassé la jambe. Je l’ai transporté à l’hôpital Le Dantec à l’époque. Après plusieurs semaines de rendez-vous, son médecin m’a appelée pour me dire que c’est fini, l’enfant ne pourra plus marcher. Et qu’on devait l’amputer. Je me suis retrouvée à terre. Il avait un avenir radieux devant lui, parce qu’il était excellent en football.» Et les mauvaises nouvelles se sont enchaînées. «C’est lorsque je lui ai fait le scanner que les résultats ont montré qu’il était atteint de cancer. J’ai failli perdre la vie, c’était douloureux pour une mère d’entendre une telle nouvelle.» Etreinte par la douleur, elle coupe son récit. Puis, elle reprend son souffle et poursuit : «Ensuite, il a été amputé, il y a deux ans. Pour l’aider, je respecte ses rendez-vous. Ses ordonnances sont achetées par les associations de bonne volonté.»
«184 cas viennent d’être admis dans notre centre…»
Aujourd’hui, le cancer des enfants devient préoccupant. Du côté du directeur de l’hôpital Dalal Jamm, l’onco-pédiatrie fonctionne à plein temps. Lors de la Journée de lutte contre les cancers des enfants, le centre hospitalier a accueilli les associations qui œuvrent pour l’appui de ces mômes. «Nous les avons accueillis, les distraits et avons partagé avec eux le repas. Nous avons sensibilisé les familles et leur avons demandé de ne pas s’inquiéter de la maladie. Nous leur redonnons de l’espoir. Mais nous avons aussi sensibilisé la population sur comment traiter cette maladie. Et ce qui est important, c’est la capacité de prise en charge de ces pathologies», souligne Moussa Sam Daff. Pour lui, il y a une amélioration de l’offre de soins. «Aujourd’hui, les enfants sont pris en charge de manière policycle. Il y a des médicaux qui ont plusieurs disciplines : la chimiothérapie, l’oncologie chirurgicale, la radiothérapie, l’onco-pédiatrie, mais également il y a la curie thérapie et bientôt la médecine nucléaire. Et tout ce plateau technique permet de prendre en charge ces malades», rassure-t-il. «Il y a 184 nouveaux cas qui viennent d’être admis dans notre centre hospitalier», enchaîne-t-il.
Lors de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, le ministère de la Santé révélait que le Sénégal enregistre, chaque année, 11 mille 317 nouveaux cas de cancer et environ 8 mille décès. Si les cancers du col de l’utérus, du sein, du foie, de la prostate et de l’estomac concentrent près de la moitié des nouveaux cas recensés dans le pays, les enfants sont également touchés. Il rappelait que chaque année, l’unité d’onco-pédiatrie reçoit en moyenne 220 nouveaux cas sur les 800 attendus. Alors que le professeur Claude Moreira estime le nombre d’enfants touchés à plus de 1000 par an. D’après lui, la fréquence du cancer est plus élevée en Afrique qu’en Europe. «Il y a au moins 600 cas qui sont dans les maisons et qui ne sont pas pris en charge», souligne-t-il.
#Source: le quotidien