Monnaie unique dans l’espace Cedeao : l’ECO refait écho !
Alors que la monnaie dite « Eco » avait été repoussée sine die en décembre 2019 par les présidents Emmanuel Macron de la France et Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, la Cedeao s’est à nouveau résolue à faire sauter les verrous à l’effectivité de la mise en circulation de ladite monnaie, devant remplacer le franc CFA lors de la 63ème session ordinaire de la Cedeao, tenue à Bissau. Pour ce faire, les dirigeants de l’Uemoa ont appelé à la mise en place d’un comité de haut niveau pour assurer les modalités pratiques pour la création de ladite monnaie.
Le 9 juillet dernier, l’éternel processus de mise en circulation d’une nouvelle monnaie communautaire dénommée ‘’ECO’’ dans l’espace Cedeao, regroupant 15 pays d’Afrique de l’ouest a été mis en selle, lors de la 63ème session ordinaire des chefs d’Etats et de gouvernements de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), tenue à Bissau (Guinée-Bissau). Une rencontre organisée le lendemain (le 8 juillet) de la session extraordinaire des chefs d’Etats et de gouvernement des pays de l’Uemoa sur convocation du Président en exercice de l’Union, le Nigérien Mohamed Bazoum portant thème «Evolution récente de la situation économique et financière de l’Union, ses perspectives, l’évolution de la note prospective sur la ‘Vision Uemoa 2040». Après avoir constaté l’absence de concept « majorité » dans le cadre du Pacte de convergence macro-économique entre les Etats membres de la Cedeao, les dirigeants ouest-africains ont ensuite instruit la mise en place d’un comité de haut niveau composé des présidents des Commissions de l’Uemoa, de la Cedeao, du Gouverneur de la Bceao, du président du Conseil des ministres de l’Uemoa, des représentants du Cap-Vert, du Nigeria et du Ghana, pour assurer les modalités pratiques pour la création de l’ECO. Un vieux débat qui refait surface. En outre, les dirigeants ont adopté la décision portant création du Fonds spécial pour le financement des programmes de la feuille de route révisée de la monnaie unique.
L’ECO dépoussiérée
Le franc CFA longtemps décrié comme étant une monnaie européenne conçue pour appauvrir davantage les pays qui l’ont en partage, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, les dirigeants ouest africains s’étaient ainsi résolus à mettre fin à cette monnaie. Un processus dont la machine semblait être bien huilée jusqu’en 2019, précisément le 29 juin 2019 lorsque les dirigeants des 15 pays d’Afrique de l’Ouest ont annoncé leur intention d’adopter l’ECO comme monnaie unique. Mais, vite, sentant que la menace était réelle du côté de la France, en tant qu’émettrice, garante de la convertibilité et dépositaire de la moitié des réserves de change de cette monnaie, le président français Emmanuel Macron à la surprise générale, a effectué une visite-éclair en Côte d’Ivoire pour contrecarrer le projet. C’est ainsi que le 21 décembre 2019, à Abidjan (Côte d’Ivoire), les présidents Français et Ivoirien annonçaient l’hypothèse de la disparition du franc CFA. Une rencontre sciemment planifiée puisque le Président de la République de Côte d’Ivoire Alassane Dramane Ouattara était également ès qualité Président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-Africaine (Uemoa). Donc, la voix autorisée à parler au nom de l’Uemoa. Cette monnaie commune à tous les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) et ce, depuis leur accession à la souveraineté internationale n’a pas permis à ces pays de se développer comme ça se voit dans les pays anglophones. A la face du monde, il a été projeté de remplacer le franc CFA par l’Eco à compter du 1er juillet 2020. L’effectivité ou la mise en œuvre de cette décision s’accompagnait de deux changements que sont la suppression du compte d’opération à la Banque de France et des sièges occupés par les représentants français au sein des instances de la Bceao. En contrepartie dans un premier temps, il revenait à la Banque de France d’assurer la parité entre l’Eco et l’Euro. Entre temps, la pire crise sanitaire est passée par là. Elle sera suivie par l’invasion Russe en Ukraine aux conséquences alimentaires et inflationnistes incalculables. Aujourd’hui, le retour de flamme de l’Eco semble gagner la Cedeao.
Source : Sudquotidien