Lutte contre le trafic de bois : Quand les différentes mesures peinent à endiguer le phénomène !

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Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a fait état de la ferme volonté du gouvernement à lutter contre le trafic de bois en Casamance, lors du Conseil des ministres du mercredi 29 mai 2024. Ces deux dernières décennies, des initiatives ont été engagées par les régimes précédents, sans que le trafic ne cesse dans ces régions Sud et Sud-Est et ne continue de grignoter les dernières réserves forestières du Sénégal.    

En Conseil des ministres qu’il a présidé, le mercredi 29 mai 2024, le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a demandé au ministre de l’Environnement et de la Transition écologique de veiller, en relation avec les Forces de Défense et de Sécurité et les services compétents de l’Etat, à la préservation et à la gestion optimale des ressources naturelles forestières et de la biodiversité.

A se suite, le Premier ministre, Ousmane Sonko, dans sa communication au Conseil, a fait part de la délicate problématique du trafic de bois et de la déforestation dans les régions Sud et de l’Est du pays. Il a relevé que les mesures mises en œuvre par le Gouvernement n’ont pas permis à ce jour de mettre fin à ce fléau, malgré les risques d’une catastrophe environnementale et écologique.

C’est pourquoi, face à cette situation, le Premier ministre a informé le Conseil de l’organisation prochaine d’une rencontre interministérielle sur ce dossier. Mieux, dans cette perspective, il a souligné l’urgence de procéder à l’audit des ressources financières importantes mises en place par l’Etat pour la montée en puissance de la Direction des Eaux et Forêts, Chasses et Conservation des Sols (DEFCCS, chargés de la protection du couvert végétal), en particulier celles destinées à la fourniture d’équipements de sécurité, de véhicules d’intervention et de matériels techniques.

LE DÉFI DES NOUVELLES AUTORITÉS À L’ÉPREUVE DES «ÉCHECS» DES REGIMES PRECEDENTS

Ces nouveaux engagements et directives du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et de son Premier ministre, Ousmane Sonko, pour lutter contre la coupe abusive et le trafic illicite de bois, surtout en Casamance, sont des décisions qui viennent s’ajouter à une volonté déjà manifestée de l’Etat de mettre un terme à cette traite qui perdure. Une sortie de l’écologiste Aly Aïdar, au temps, avait sonné le réveil du gouvernement de Macky Sall. Plusieurs ministres dont celui de l’Environnement, celui des Forces Armées, furent envoyés au front. Plusieurs décisions ont été annoncées comme le renforcement des moyens des Eaux et Forêts et la surveillance de la frontière dans le Sud du pays qui regorge des derniers massifs forestiers du pays. L’engagement de Macky Sall et de ses équipes ne s’est estompé au fil du temps. Seulement, le mal parait endémique.

En juillet 2015, lors de la clôture de la Journée nationale sur le développement durable, Macky Sall avait annoncé le recrutement de 400 agents forestiers, après avoir déclaré sa ferme volonté de lutter contre la coupe abusive de bois. «C’est un phénomène insoutenable. Chaque année, nous perdons près de 40.000 hectares de forêts, à cause de cette activité criminelle totalement. J’ai instruit le gouvernement pour que les mesures les plus vigoureuses soient prises, afin de mettre un terme à ce fléau», avait décidé l’ancien chef de l’Etat

En 2018, la coupe de bois avait débouché sur un drame, celui de Boffa-Bayotte. 14 bûcherons sont tués. L’Etat avait mesuré l’ampleur de la question et a pris de nouveaux des engagements. Entre autres mesures urgentes prise, le président Macky Sall avait ordonné la suspension des permis de coupe de bois et la révision du Code forestier.

En 2022, la position de l’Etat a été la même sur la question. Le lundi 4 avril 2022,  lors de la cérémonie de prise d’armes marquant la célébration du 62e anniversaire de l’indépendance du Sénégal, Macky Sall était revenu sur la question, en promettant le renforcement des moyens des   Forces de défense et de sécurité. «La sécurité est devenue une demande majeure des citoyens. C’est pourquoi, je me suis engagé à toujours donner plus de moyens aux Forces de défense et de sécurité,  à toujours améliorer le moral du personnel pour que le Sénégal soit toujours plus en sécurité», avait-il dit, jugeant qu’«il n’est plus question de laisser faire la coupe du bois».

 

… ET FACE AU JEU TROUBLE DE LA GAMBIE

 

D’ailleurs, le contrat d’armement très critiqué de plus de 45 milliards, pour l’équipement des agents Eaux et Forêts, Chasse et Conservation des sols, est justifié par les autorités d’alors, entre autres, par ce besoin de renforcer la lutte contre la coupe de bois dans cette partie Sud du pays. Un achat d’armes qui sera aussi audité, selon le Premier ministre, Ousmane Sonko.

En attendant, malgré les engagements au sommet de ses autorités, aux côtés de celles sénégalaises, la Gambie joue un rôle majeur dans le trafic illégal de bois en provenance de la forêt casamançaise. Les trafiquants se réfugient dans ce pays voisin, qui abrite des scieries  chinoises et indiennes dans plusieurs villages le long de la frontière, une fois leur forfait terminé. Mieux, le bois rose, le Vène, une espèce pourtant protégée pourtant interdit à l’exportation via le port de Banjul (Gambie. C’est pourquoi, les présidents Adama Barrow et Macky Sall ont, à plusieurs reprises, évoqué la question du trafic de bois dans leur plan de coopération.

Et vu l’ampleur du mal, le Sénégal s’était engagé à faire inscrire le bois de Vène, de son nom scientifique Pterocarpus erinaceus, sur la liste de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES, en anglais). De cette manière, le palissandre du Sénégal ou Vène devrait être mieux protégé contre le trafic international dont cette espèce fait l’objet et qui risque de conduire à sa disparition. «Nous nous battons pour que ce commerce du bois de Vène du Sénégal soit découragé ou plus contraignant sur l’international», avait annoncé, le dimanche 7 août 2016, l’ancien ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdoulaye Baldé, lors de la cérémonie officielle de célébration de la 33e édition de la Journée nationale de l’arbre, Keur Mbouki, une commune du département de Birkelane (Kaffrine).

 

COOPÉRATION SÉNÉGALO-GAMBIENNE : DES ACCORDS, RIEN DE PLUS !

 

Dans sa parution du samedi 16 et dimanche 17 janvier 2021, le quotidien national Le Soleil avait fait état d’un accord entre le Sénégal et la Gambie, vendredi 15 janvier, au terme d’une réunion sur la coupe de bois. A cette occasion, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Gambiens de l’étranger, Mamadou Tangara, revenant sur la question de la coupe et du trafic illicite de bois dans les forêts méridionales du Sénégal, a soutenu que «ce n’est pas un problème gambien, ni sénégalais, mais un problème sénégambien» ; avant de réaffirmer l’engagement du gouvernement gambien du président Adama Barrow de travailler, main dans la main, avec le président sénégalais, pour qu’une solution pérenne soit trouvée au phénomène.

La volonté de mettre fin au trafic de bois a été réaffirmé à d’autres occasions, sans que la coopération avec la Gambie ne permette la cessation des activités criminelles des trafiquants. En 2018, le président Macky Sall et son homologue gambien, Adama Barrow, fraichement arrivé au pouvoir, avaient décrété une entente dans ce sens. «Le trafic illicite de bois n’est pas seulement une violation formelle de la loi, il est aussi et surtout une source d’instabilité pour la société et l’Etat. C’est pourquoi nous ne devons ménager aucun effort pour faire de la lutte contre ce fléau une priorité de premier ordre, notamment dans le cadre de l’accord sur la gestion des ressources transfrontalières dans le domaine de la foresterie», avait dit le président de la République, Macky Sall, lors d’un Conseil présidentiel.

Par la suite, les deux pays avaient signé une entente dans la lutte contre le trafic de bois. Aussi, toujours en 2018, lors d’un atelier régional sur la Gestion des forêts transfrontalières entre la Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal, tenu à Kaolack, le 26 juillet 2018, sous la direction de la Banque mondiale, le ministre gambien de l’Environnement, des Changements climatiques et des Ressources naturelles, Lamine Dibba, avait fait état de la ferme volonté de son pays à préserver les forêts frontalières.

La volonté de coopérer est donc exprimée, à tout va. Mais, toujours sans que le résultat attendu de ces engagements «manifestés» ne soit noté. Malgré le déploiement de Forces de défense et de sécurité sénégalaises, le long de la frontière entre les deux pays, les trafiquants de bois continuent d’exercer leurs activités, un de leurs refuges étant des villages frontaliers en Gambie. Suréquipés, comme le reconnait-on souvent, ils narguent les agents des Eaux et Forêts.

Source : Sudquotidien

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